Faits et vie
Je suis né en 1963 à Grodno, une petite ville biélorusse près de la frontière polonaise. J’ai étudié du cinéma et drame à l’institut d’Etat biélorusse pour le théâtre et les beaux arts, à présent l’académie biélorusse des beaux arts (Minsk, Biélorussie), théologie à l’Institut Théologique Orthodoxe du St. Sergius (Paris, France), en j’ai terminé mes études à l’Institut Littéraire Gorki (Moscou, Russie).
La décision de devenir un écrivain était prise assez tôt, à l’âge de 18-19 ans, pendant mes études à l’école dramatique. Afin de me consacrer totalement au métier d’écrivain, j’ai quitté l’école dramatique en espérant de devenir un écrivain à temps plein dans quelques mois. Il est drôle et en même temps émouvant de me reporter à cette conviction enfantine que tout se finira bien et que mes textes seront publiés sans vendre mon âme maximaliste et sans prendre part à des jeux idéologiques quelconques. Cependant, c’était la fin de l’ère soviétique dans toute sa magnificence et gloire terminale, la Biélorussie gigantesque comptait exactement une seule maison d’édition d’Etat et autant de revues littéraires, et mes rêves étaient incroyablement irraisonnés, mais pardonnables, vu mon jeune âge avec toute sa confiance, sa confiance en soi et une quantité immense de naïveté.
L’austérité ne se faisait pas longtemps attendre. Un rédacteur de cette unique revue littéraire laissait échapper pendant un entretien entre quatre yeux que, bien que mes textes convenaient à une publication, ils ne seraient jamais publiés: ils étaient trop ‘différents’, idéologiquement inacceptables et politiquement incorrects. Si je voulais avoir une chance d’être publié, je devais changer ‘mon style et mes visions’, un conseil que j’ai trop souvent entendu les années suivantes et que je n’avais absolument pas l’intention de suivre.
Retournons à la réalité: je devais chercher du travail. L’écriture est une occupation qui consume beaucoup de temps, même pour un jeune homme de 19 ans, donc je cherchait un travail avec des heures de travail les plus courtes possibles, ce qui ne s’avérait pas si facile.
Un travail sottement intéressant chez la poste locale me passait sous le nez (quelques heures de travail au petit matin), car le chef du département estimait ma personne beaucoup trop frivole pour cette fonction publique extrêmement responsable. Dans cette époque bizarre mon seul jeans était un symbole incontestable de l’Occident pourrissant, et mes cheveux longs… Eh bien, en fait je ne suis sûr de ce qu’ils symbolisaient, mais il n’y avait aucun doute qu’il s’agissait d’un symbole rejetable.
Finalement je pouvais commencer à travailler en tant que collaborateur de cirque (chaque soir trois heures), et plus tard, quand le cirque passait brusquement à trois spectacles par jour (ce qui impliquait au moins neuf heures de travail et qu’il ne restait plus de temps pour ma chère écriture et ma jolie amie), je parvenais à trouver un autre travail fascinant, qui me permettait d’être libre pendant presque toute la journée. Je devenais veilleur de nuit dans une crèche, mais après quelques mois j’était licencié à cause d’absentéisme constante. Les nuits dans une crèche tellement vaste et déserte étaient beaucoup trop longues et énormément angoissantes. En outre, j’avais des choses beaucoup plus intéressantes à faire pendant ces nuits que de chercher une place sûre afin de me cacher pour des cambrioleurs éventuels.
J’avais la chance de devenir un étudiant à l’Institut Littéraire Gorki renommé (Moscou), n’ayant point d’égal et dans cet époque probablement l’institution la plus libérale de l’US, une sorte de conservatoire (si je devais la traduire dans des conditions des Pays Bas) pour écrivains, poètes, dramaturges etc. futurs. Dans cet époque je comprenais déjà la situation simple: ma décision de ne pas devenir le tantième conformiste écrivant signifiait que ne je pourrai jamais publier un seul mot, mais que je devrais écrire pour le reste de ma vie ‘pour le tiroir’. Ce terme triste signifiait qu’un écrivain savait que son œuvre ne serait jamais publié à cause de toutes sortes de raisons idéologiques, mais finirait dans un tiroir de son bureau. A l’Institut Gorki j’était au moins pas le seul à avoir une perspective si époustouflante, et en plus la vie dans le métropole était à tous égards plus libre que dans la province.
Je commençais en tant que journaliste pour la radio nationale, et peu après (1989) mon histoire ‘Le Bourreau’ était publiée dans le ‘magazine littéraire épais’ le plus populaire de l’époque — ‘Yunost’ – avec un tirage quelque peu saisissant de 3.100.000 exemplaires. Je suppose donc que l’an 1989 peut plus ou moins être considéré comme le début officiel de ma ‘carrière’ littéraire. D’ailleurs, en 1995 cette première publication recevait l’appréciation longanime suivante de Yunost: ‘Un jour l’histoire ‘Le Bourreau’ sera insérée dans une anthologie des meilleurs ouvrages littéraires de notre siècle’. Ce qui est fou, c’est que 5 ans avant que cette prédiction a été prononcée, elle déjà était devenue la réalité, quand les éditions à Moscou Russkij Yazyk avaient inséré l’histoire ‘Le Bourreau’ dans leur anthologie d’histoires russes du XXe siècle.
A présent, j’habite à Anvers; selon ‘De Standaard’ je suis le seul écrivain Slave dans ce formidable pays. Je suis un membre du centre flamand PEN et je suis un écrivain à temps plein. Certains rêves deviennent donc la réalité, bien que je considère la perte de presque dix ans de ma vie d’auteur à cause des particularités du régime soviétique une perte douloureuse. Même si ceci n’est pas du tout tellement tragique que le sort d’un nombre d’autres écrivains, les années perdues ne retourneront pas, et jusqu’à présent je trouve cette perte injuste et douloureux.
Outre des histoires, essais, une pièce etc. j’ai écrit et publié cinq romans: ‘Sergeant Bertrand’ (deux versions différentes, 1991 et 2004), ‘Audience chez sa majesté’ (1994), ‘Terre sans eau’ (aussi deux versions: 1997 et 2002), ‘Cocaïne’ (2003) et ‘Portrait d’une fille inconnue’ (2008).
‘Sergeant Bertrand’ a gagné un prix prestigieux du ‘Meilleur roman de l’année’ de Yunost (Yunost, Moscou, 1991, 999.000 exemplaires), et était publié en 1992 dans une traduction Néerlandaise par ‘Dedalus’ (Anvers-Amsterdam, isbn 90-5281-071-0); ‘The House of Books’ publiait la nouvelle version du roman en 2004 (Anvers-Vianen, isbn 90-443-0868-8).
Le roman était accueilli de manière positive. ‘De temps en temps, mais très rarement, un roman ou un récit témoigne de manière totalement inconnue d’une génialité inattendue, — écrivait Gazet van Antwerpen. — La nouvelle « Véra »* du Russe blanc Alexandre Skorobogatov fait partie de ces débuts rares et vraiment impressionnants’. ‘Il y a longtemps que nous n’avions plus vu une œuvre aussi originale arriver de Russie vers notre région linguistique. Et ce qui est tout à fait réjouissant ici, c’est que Skorobogatov n’aborde pas seulement d’autres thèmes que ces collègues, mais qu’il écrit exceptionnellement bien. J’ai lu « Véra » en un seul trait, et même après, je suis resté sous son emprise,’ – écrivait la NRC Handelsblad Hollandaise.
Het Laatste Nieuws, Belgique: ‘C’est absolument unique dans la littérature russe en général, et particulièrement dans celle des dernières années. C’est une histoire formidable qui vous prend immédiatement à la gorge (et pour être honnête, à d’autres parties du corps aussi) et qui ne vous lâche plus Cette histoire peut être adaptée à l’écran telle quelle, avec une création d’ambiance digne d’un Polanski’. ‘Alexandre Skorobogatov est reconnu comme étant un des auteurs russes postcommunistes les plus intéressants.’ (De Standaard der Letteren).
En 2002 mon roman ‘Terre sans eau’ était publié par une des maisons d’édition les plus grandes en Russie ‘Olma-Press’ (‘Zemlya bezvodnaya’, Moscou, isbn 5 224 03748 4). Le roman était publié dans la série ‘Original’, un des projets littéraires russes les plus remarquables et prestigieux des dernières années, consacrées à la nouvelle littérature russe qualitative et non conventionnelle.
Dans la même année 2002 ‘Terre sans eau’ était publié dans une traduction Néerlandaise par ‘The house of Books’ (Anvers-Vianen, isbn 90 443 0615 4), la première maison d’édition dans les pays néerlandophones du groupe de presse Bertelsmann.
Cette fois la presse était également bien disposée envers moi. ‘Il y avait longtemps, très longtemps, que j’avais encore lu un roman dont je ne pouvais me détacher qu’après avoir tourné la dernière page. Fort, acéré, dramatique et… amère. Un livre formidable !’ (Literaturnaja Rossia, Moscou). ‘Sans aucun doute de la « littérature de toute première catégorie »’ (Ezhenedelnyj jurnal, Moscou).
Un magazine littéraire qui fait autorité ‘Druzhba narodov’ appelait ‘Terre sans eau’ le meilleur roman de l’année, avec entre autres la remarque suivante: ‘Le roman d’Alexandre Skorobogatov traite des thèmes traditionnels de la littérature russe et, selon moi, il le fait avec le même raffinement que les représentants de celle-ci et grâce auxquels la littérature russe est à présent considérée comme une grande littérature’. ‘Znamya’ (Moscou) annonçait à l’occasion de ce roman: ‘Alexandre Skorobogatov est un auteur formidable’. Johan Depoortere écrivait dans ‘De Standaard der Letteren’: ‘Oui, ce livre vous entraîne de la première page à la dernière. Oui, il est bien écrit avec beaucoup d’ironie et d’humour noir, mais c’est également une histoire avec de multiples couches et un message subtilement incorporé. C’est une image hallucinante de la Russie contemporaine, mais les motivations, les passions et la lâcheté des personnages sont universels’. [ cliquez ici pour plus de presse ].
Outre ‘Terre sans eau’ et ‘Véra’, mon roman ‘Audience chez sa majesté’ est publié tant en russe (1995) et en néerlandais (1994).
En 2003 mon roman ‘Cocaïne’ est publié dans le magazine littéraire russe qui à présent est le plus important, à savoir ‘Znamya’ (Moscou). En 2008 mon dernier roman ‘Portrait d’une fille inconnue’ est publié (‘Ural’, Russie).
En mars 2009 a été publiée la première traduction en français de mon livre. La maison d’édition parisienne ‘Editions Autrement’ a publié la traduction française de mon roman ‘Sergeant Bertrand’. Le livre français porte un autre titre – ‘Véra’ – et il est vendu en France, au Canada, en Suisse et en Belgique (Alexandre Skorobogatov, ‘Véra’, traduit du russe par Dany Savelli, Editions Autrement, EAN13 9782746712645, ISBN 2746712644).
En printemps 2010 ‘Sergeant Bertrand’ (Véra en français) sera publié en Grèce par une des maisons d’édition les plus renommées ‘Kastaniotis Editions’ (Athènes), dans une traduction d’Alexandra Ioannidou (Αλεξάνδρα Ιωαννίδου) (Αλεξάντρ Σκορομπογκάτοφ, ‘Λοχαγός Μπερτράν’, Εκδόσεις Καστανιώτη, Αθήνα, 2010, ISBN 978-960-03-5037-1).
En Italie ‘Sergeant Bertrand’ (‘Véra’) sera publié par la maison d’édition de renom ‘Edizioni E/O’ (Aleksandr Skorobogatov, ‘Vera’, Edizioni E/O, Rome, 2010, ISBN 9788876419188).
Les droits sur mes romans ont été vendus (ou le sont à ce moment) à des maisons d’édition en Belgique, en Allemagne, en France, en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas et en Russie.
*« Véra » est l’adaptation française du titre original du roman « Sergeant Bertrand ».